par Thomas Vennin
Un must ! Une petite histoire de l’alpinisme comme on ne vous l’a jamais contée, dans un style incisif, piquant, débordant d’humour (et de 2e degré !).
Thomas Vennin est notamment auteur du blog « Summit Day » et collaborateur de Montagnes Magazine.
Extraits
Juillet 1890
Construction de l’observatoire Vallot près du sommet du mont Blanc à 4358 mètres d’altitude.
[…] Après plusieurs années d’expériences, Vallot arrive à la conclusion que pour parvenir au sommet de l’Everest, il faudra avoir la tête très allongée. Difficile de ne pas crier au génie quand on regarde les photos d’Edmund Hillary en 1953.
14 janvier 1897
Première de l’Aconcagua, point culminant du continent américain. Joli coup double pour le guide suisse Matthias Zurbriggen qui, en atteignant le sommet en solitaire, s’offre également le record mondial d’altitude. On pourrait même lui accorder un coup triple puisque dans la foulée, il bat le record de dénivelé négatif en passant de 6962 mètres aux profondeurs de l’oubli. Rongé par l’alcool, il finira par se suicider à l’aide d’une corde… en bon guide.
30 août 1930
Albert Ier, roi des Belges, inaugure le nouveau refuge du glacier du Tour, le refuge Albert-Ier, offert par le Club alpin belge au Club alpin français. Le Club alpin belge ? Est-ce à dire que le Belge grimpe ? L’habitant du Plat Pays aurait le pied montagnard ? Un peu mon neveu ! D’ailleurs, la Belgique n’est pas si plate qu’elle en a l’air puisque sur les bords de la Meuse […] se trouve l’un des sites d’escalade les plus prisés au monde : les falaises de Freyr sur lesquelles se sont formés quelques grimpeurs d’exception comme René Mallieux, Claude Kogan, Claudio Barbier, Jean Bourgeois et le plus prestigieux d’entre tous, le roi Albert Ier en personne. Membre du GHM, le roi des Belges était en effet un remarquable alpiniste, auteur de belles ascensions au Grépon, au Moine ou encore aux Drus. C’est d’ailleurs un accident d’escalade qui lui a coûté la vie le 17 février 1934 à Marche-les-Dames, non loin de Freyr… Le refuge Albert-Ier n’est pas le seul refuge alpin que l’on doit à la Belgique puisqu’en 1917, l’industriel belge Ernest Solvay, lui aussi grand pratiquant, avait inauguré un refuge à son nom sur le Cervin : la cabane Solvay. Et Tintin au Tibet, il n’est pas un peu belge sur les bords ?
1958
Georges Livanos publie le succulent Au-delà de la verticale. Foin des alpinistes morts de froid, étranglés par leur corde ou fracassés au bas d’une paroi, des tempêtes, des tragédies, des amputations, des avalanches, des chutes de pierres, des crevasses, des veuves, des orphelins… La dépression nous guette, faisons un break et rions avec le Grec !
24 août 1961
Claudio Barbier, grimpeur belge, barge et baroque, enchaîne en solitaire et dans la journée, les cinq faces nord de Lavaredo dans les Dolomites. [suit le détail de l’enchaînement] autrement dit, 3500 mètres de dénivelé en 13h05 min. Et Claude Barbier devint Il divino Claudio.
13 décembre 2012
Maurice Herzog, dernier Beatles de l’Annapurna, meurt à l’âge de 93 ans. Maintenant que tout le monde est réuni là-haut, on pourrait peut-être jouer cartes sur table, les gars. C’était déjà dommage de se faire la gueule ad vitam mais alors æternam, c’est pas une vie. Ça fait du bien de parler de temps en temps. Et puis ce serait peut-être l’occasion pour Momo de redescendre un peu sur terre. Quelques excuses autour d’un génépi et on n’en parle plus. Les rêves de générations d’alpinistes, c’est ça qu’il faut garder de l’Annapurna !
Thomas Vennin, La Dent du Piment, Balade épicée dans l’histoire de l’alpinisme,
Collection Guérin Chamonix, Editions Paulsen, mars 2019, 199 p. in-12. (13,50 €)
Merci Didier pour cette sympathique critique et bravo pour ce site qui m’a été bien utile au moment d’évoquer la mémoire de Il divino Claudio !