Bulletin du C.A.B. – Brabant, mars 1967
Sous cette rubrique, Claudio Barbier publiera régulièrement les nouvelles, les échos, les potins qui lui seront parvenus. En voici le premier chapitre.
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La venue de Toni Hiebeler est attendue pour novembre prochain. Hiebeler viendrait nous présenter le film qu’il a réalisé lors de la première hivernale de la face nord de l’Eiger, ainsi qu’une centaine de diapositives.
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Le samedi 11 mars, rendez-vous des grimpeurs à l’hôtel de l’Etoile à Falmignoul. On y attend les anciens retirés du service actif, les vétérans ébréchés mais toujours sur la brèche et les gloires présentes et futures. On parle pour le lendemain d’une cordée mille-pattes dans l’Al Lègne. Il n’est pas exclu que les grimpeurs manquent de patience et fassent leur collective en pleine nuit. Avis aux candidats spectateurs…
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Desmaison et Flematty ont réussi la première hivernale du pilier central de Frênay au Mont Blanc. Desmaison : « C’est la plus terrible expédition que j’ai vécue dans les Alpes. »
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Jacques Batkin a trouvé la mort en Alaska. Il est tombé dans une crevasse alors qu’il transportait du matériel sur les pentes du mont Mc Kinley. Batkin, mieux connu sous le surnom de « La Farine », avait gravi la Walker en hiver avec Desmaison. En Alaska, il avait réussi la première ascension du mont Huntington avec l’expédition française dirigée par Terray.
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« Pourquoi la neige est tricolore », c’est ce que nous apprend « l’Express » : « Toutes les équipes de ski d’Europe voyagent en seconde classe lorsqu’elles se déplacent en train. L’équipe de France a droit aux premières. Chacun de ses adversaires transporte lui-même ses bagages, ses skis, s’épuise dans ces interminables transbordements hebdomadaires tout au long de la saison. L’équipe de France charge son matériel dans deux camionnettes qui la suivent partout. »
Le C.A.B. devrait suivre cet exemple et mettre des porteurs à la disposition de ses grimpeurs. On ne verra plus d’alpinistes « épuisés » par les « interminables » marches d’approche !
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Depuis quelques années, le rocher du Neviau est délaissé. Situation regrettable : le Neviau est un des principaux massifs du pays et le plus proche de Bruxelles.
Circonstance atténuante : dans bon nombre de voies, les pitons d’âge vénérable n’incitaient pas à dévisser. Mais la situation évolue : petit à petit, les voies sont repitonnées. A la mi-février, C. Barbier et G. Heylemans ont équipé la Fontaine et la Sans Nom. Le relais commun à ces deux voies a été particulièrement soigné. Autres voies en bon état : la Grunne et l’Académique. Les autres classiques suivront bientôt.
Il faut signaler le dévouement de Guy Heylemans. Ce n’est pas la première ni la dernière fois que Guy vient le dimanche en voiture pour passer son temps à pitonner et à cimenter. Et cela par un temps magnifique, où il aurait fait bon grimper. Si tous les éternels critiques, qui ne font jamais rien, pouvaient suivre cet exemple et effectuer des petits travaux d’intérêt général…
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L’Américain Gary Hemming est connu comme le « beatnik des cimes » depuis le sauvetage de deux alpinistes allemands bloqués dans la face ouest du Dru. Le succès du personnage auprès du grand public est dû en partie à son abondante chevelure. Que serait-ce s’il avait conservé la barbe de patriarche qui fit sensation en 1965 à l’ENSA de Chamonix ! Disons qu’elle faisait la moyenne entre la barbe de Jean Bourgeois et celle de Saint Nicolas… Malgré cela, ou à cause de cela, Gary Hemming est un excellent alpiniste. Parmi ses ascensions, il faut citer la face nord des Grandes Jorasses, la première de la face sud du Fou, et la deuxième ascension du pilier est du pic de Bure. Il a gravi en solitaire l’Aiguille Verte par le couloir Couturier et la face nord du Triolet. Gary Hemming a fait récemment ses débuts de comédien ! Il interprète à la télévision le rôle du roi Harold dans « la Conquête de l’Angleterre par les Normands ».
(Claudio BARBIER)