Les doigts : On parlait des gelures et des amputations dues au froid. Il me dit : « Sans les dernières phalanges des mains, on aurait moins de porte-à-faux pour grimper, non ? »
Vitesse : De temps en temps il me disait : « Si on grimpait vite ! »
En alternés, le Pilastre, 33 minutes, le Toit du monde à corde tendue, 8 minutes (en chaussures de montagne).
Hésitant : Parti en premier dans le Craquelin, à Sy, il redescend, se décorde et me dit en tendant la corde : « Vas-y, moi je ne le sens pas » (c’était du IV). Quelques instants plus tard, il fait cette voie en solo.
Méchant : Il est au sommet des Taches rouges, moi je suis presque au gollot du Tour du cochon (en premier et pour la première fois dans cette voie), il me manque quelques centimètres pour mousquetonner et je sens que je vais voler, le dernier clou étant à 4 ou 5 mètres à l’horizontale. Je lui demande conseil : « NON ! »
Humour : Je suis en tête, je lui dis « Fais gaffe ! » Il me répond : « Quelle gaffe veux-tu que je fasse ?… »
Détachement : Un jour, il me raconta la Cima Ovest en solo : « Je me suis dit un instant, si je tombais ici, je ne ferais que deux rebonds jusqu’au pierrier ».
Gentil : À un bivouac inconfortable, il me dit : « Veux-tu que je te fasse un petit toast aux anchois ? », et il m’en fait un avec une olive !
Tre Cime : « J’ai quand même perdu énormément de temps dans les descentes ! »
Stage moniteur Adeps (première mouture dans les années 60) : Après de nombreuses semaines de « cours » théoriques, il me dit : « ON m’a demandé de ne pas me présenter aux examens ! » (théoriques et pratiques), et, sur le ton sarcastique bien connu de ses amis : « Ils ne prendront que ceux qui savent BIEN tomber », et il ajoute : « Tu n’as aucune chance de réussir cet examen »… Effectivement !
Jacky Delderenne, témoignage publié dans « Cimes 2012 » (GHM)