Le 5 septembre 1964 au spigolo ouest de la Cima De Gasperi, Claudio fit un de ses vols les plus mémorables et il en voulut longtemps à Bepi Pellegrinon de ne pas l’avoir assuré correctement.
Le 8 septembre il écrivit à Guy Heylemans :
– « Chers amis, je viens de faire encore une fois la triste constatation que les gens se fichent complètement de l’assurance. En second, j’ai volé avec une prise et le type m’a laissé filer sur 10 m avant de pouvoir m’arrêter. Et il n’avait pas mis de piton de relais ! Pensez aux deux vols dans la Direttissima cette année, à la Foquet, etc. A quoi sert la corde ? »
Dans ses tablettes il nota :
– « Départ à 6h, sommet à 12h10 ; vol en second avec une prise. Bepi me laisse filer sur dix mètres ! Je me cogne la jambe. »
Dans un article d’il Gazzettino di Belluno, probablement rédigé par le journaliste Giuseppe Sorge, Claudio déclare :
– « Nous progressions régulièrement, en cordée alternée, quand vers 10 h, environ à mi-paroi, s’est produit l’accident rapide comme l’éclair.
Pellegrinon avait déjà rejoint le relais après avoir fait un passage de V et là il s’était arrêté sans se préoccuper de poser un clou d’assurance. J’étais en train de le rejoindre, quand, à l’improviste, une prise a cédé. Le rocher est en fait assez friable. Pellegrinon pris par surprise, a laissé filer la corde pendant plus de dix mètres avant de me retenir. La seule pensée que j’ai eue pendant que je volais vers le bas, vers le socle, était que le premier de cordée n’avait pas tenu et avait volé lui aussi. Par contre, pour notre chance, il a tenu et je m’en suis tiré avec un grand coup sur la jambe, des contusions sur toutes les autres parties du corps et mon pantalon en lambeaux. À cause du frottement important de la corde, les mains de Pellegrinon, quand je le rejoignis, étaient réduite à une plaie sanguinolente. »
De l’insistance avec laquelle Claudio retourne sur cette mésaventure, on peut déduire son indignation pour ne pas avoir été convenablement assuré, mais aussi sa terrible frayeur…