« Des jours très beaux »
J’ai été amoureuse de Claudio Barbier depuis 1961 jusqu’en 1967. C’était une liaison très importante.
Claudio était un homme et un alpiniste exceptionnel, moi j’étais une jeune fille jolie, intelligente, d’une grande ouverture mentale et sociale (par rapport à 1961…).
Claudio était un aristocrate, de grande culture générale, défenseur de l’environnement et de la «wilderness», très sensible et doux mais aussi très timide, orgueilleux, avec beaucoup de difficultés à se rapporter avec les autres gens.
Au contraire, je me trouvais bien avec tout le monde, j’étais ouverte, amicale.
Tous les deux nous aimions la montagne, la solitude de la montagne, la musique, les arts, la littérature…
Nous avons vécu des années très belles dans les Dolomites, vivant l’été dans les refuges ou dans des bivouacs.
Il y a beaucoup de temps que je ne parle et n’écris plus le français et je m’excuse de mes fautes.
Claudio était complètement amoureux de la montagne (les Dolomites surtout) et de grimper.
Il était en partie un précurseur du « free-climbing », mais surtout un alpiniste complet.
La difficulté de sa vie a été que ses parents avaient assez d’argent pour que lui puisse vivre seulement de la montagne, mais ensemble ils n’avaient pas assez d’ouverture mentale pour ne pas le juger négativement. Claudio souffrait beaucoup de cela.
Moi aussi, pourtant d’une mentalité très ouverte pour l’époque, je n’ai pas accepté un homme qui ne travaillait pas.
Comme médecin j’aurais gagné assez pour tous les deux, mais alors, encore étudiante, je voulais un homme pour toute l’année et pas seulement pour l’été et sans aucune perspective de travail.
C’est pour cela que j’ai laissé Claudio, même si je l’aimais encore (et je l’aime toujours).
Je n’ai pas eu la patience (et surtout la mentalité) d’attendre de gagner pour tous les deux.
Les autres alpinistes qui, pour la plupart, à la fois grimpaient et travaillaient, avaient des difficultés à le comprendre, et les rapports étaient difficiles, car Claudio était aussi très égoïste.
Il aurait pu faire beaucoup plus de voies nouvelles extrêmes, mais il avait peu de camarades.
C’était aussi pour cela qu’il grimpait en solitaire.
Je grimpais seulement sur terrain facile et surtout je marchais beaucoup en montagne (trekking), seule avec ma chienne Zazie.
Claudio et moi nous avons vécu des jours très beaux, avec une grande entente intime et des idées.
Carmela
4 juin 2005