Trouver un compagnon « valable » a toujours été un problème pour Claudio.
En 1957 il se retrouve seul dans la Civetta, et part dès lors faire, par la voie Andrich, le Bocia du Campanile di Brabante en solitaire. Il était très fier de cette première voie en solo au Campanile di Brabante. Celui-ci devait son nom au fait que le Roi Léopold III de Belgique en avait fait la première ascension en 1933 en compagnie d’Attilio Tissi (qui se fit également remarquer en politique par son militantisme antifasciste) et de Domenico Rudatis.
Ensuite, par la force des choses, il continua à grimper souvent seul…
Par boutade, il prétendait qu’il grimpait seul « par prudence, parce qu’un second n’est jamais bon : « s’il était bon il grimperait en premier » ; « et naturellement, ajoutait-il, il vaut mieux grimper seul qu’avec un mauvais second » … c.q.f.d. !
Selon ceux qui ont très bien connu Claudio, ce comportement n’était nullement insensé, et certainement pas « suicidaire » : tout était question de maîtrise ; il connaissait parfaitement ses limites, n’hésitait pas à renoncer s’il ne « sentait » pas le passage, et la prise de risque n’était jamais exagérée. Même si, parfois, il eut la chance de ne pas avoir de malchance…
Un jour, par exemple, faisant l’Hypothénuse à Freyr, en solo, il saisit le câble en nylon qui permet de faire un pendule pour franchir une dalle lisse en pleine paroi. Peu de temps après, un autre grimpeur – encordé, lui – effectue à son tour le pendule… et fait un superbe vol : le câble, usé, venait de se rompre !
André Vandemaele raconte cette anecdote dans « Cimes 2012 » (GHM), ajoutant : au sommet, Claude m’a dit avec un grand sourire : « pas mal, le coup de pendule… »