Durant les années 50, les escalades en solitaire étaient, pour beaucoup, jugées inacceptables voire contraires à l’éthique.
En 1959, à Freyr, Claudio provoqua un véritable esclandre avec sa première solitaire de la voie « Les Tourtereaux », alors cotée ED avec passages de VIe degré, haute de près de 70 mètres, et pour laquelle le topo prévoyait de cinq à sept heures. Une voie vraiment difficile ! Quand il rencontra « Radi » (Pierre de Radzitzky), un des papes du Club Alpin Belge, celui-ci refusa de lui serrer la main en disant, tout à fait scandalisé :
– « Monsieur, je ne vous félicite pas ! »
Cela devint une des boutades favorites de Claudio, mais, selon Anne Lauwaert, on peut penser que, dans son for intérieur, il souffrit de cette incompréhension.
J’ai connu Claudio à Chamonix en 1969, à une époque où il avait beaucoup de doutes sur lui-même, qu’il avait tendance à noyer dans la bière, mais sans en boire plus de deux dans la soirée.
Il ne grimpait plus guère à cette époque – j’ai été contente d’apprendre qu’il s’y était remis – et il avait pris des kilos.
Il me parlait de la Cima Scotoni, qu’il me disait avoir été sa plus difficile ascension (en solo) et bien des années plus tard, quand j’y suis allée, j’ai eu une pensée pour lui.
Comme Reinhold Messner, rencontré la veille de son ascension en solo de la Davaille aux Droites, j’ai suivi au fil des années l’évolution de sa carrière.
La voie Detassis, au Crozzon di Brenta, ne me sembla pas très difficile en tête de cordée mais je n’aurais pas pu m’y lancer en solo.
Bravo Claudio, tu étais un GRAND.