QUE S'EST-IL PASSÉ À MARCHE-LES-DAMES LE 17 FEVRIER 1934 ?
12. Assassinat ?...
La version de l'accident, telle qu'imaginée ci-dessus, paraît donc la plus vraisemblable. Elle laisse cependant la porte ouverte à une dernière possibilité.
Pour examiner celle-ci, il faut se replacer dans le contexte de l'époque, et se rappeler également certains éléments de la vie privée des Souverains.

Sur le plan socio-politique, les temps sont agités ; un peu partout en Europe les extrémismes gagnent du terrain, les actes violents se multiplient, on assiste à "la montée des périls".

Le Roi Albert, qui conduit personnellement la diplomatie de la Belgique, est perçu sur l'échiquier européen comme un personnage important. Peut-être est-il considéré par certains comme quelqu'un de gênant...
En Allemagne notamment, le Chancelier Hitler (9) a obtenu les pleins pouvoirs et entamé les premières phases de sa politique expansionniste. Il n'hésite pas à recourir à l'élimination systématique de ceux qu'il considère comme des adversaires, réels ou potentiels. Sa méthode est simple : il les fait assassiner…

Sur le plan privé, par ailleurs, Albert s'est vraisemblablement fait pas mal d'ennemis… Même dans son entourage, on évoque certains incidents…

Or, si quelqu'un - qu'il s'agisse d'un agent secret, d'un tueur à gage, d'un mari trompé, d'un rival - veut attenter à la vie du Roi, le lieu où se déroule l'escalade ce jour-là ne s'y prête-t-il pas parfaitement ?

Bien sûr, il faut, pour cela, être informé des intentions du Roi. On peut supposer que, pour quelqu'un de décidé, cette information pouvait être obtenue grâce à l'une ou l'autre complicité au Palais.

Ensuite, il suffit de profiter des circonstances :

- Sachant que le Roi part grimper à Marche-les-Dames, on peut s'y rendre discrètement, guetter son arrivée, et, sans se faire repérer, suivre le Souverain dans la forêt domaniale pour attendre le moment favorable. Si celui-ci ne se produit pas, ce ne sera que partie remise !

- Lorsque le Roi se retrouve seul, on peut pénétrer dans la partie supérieure de la ravine et, pourvu que l'on ait les capacités requises pour se déplacer en terrain aussi pentu, s'approcher de l'Aiguille sans être vu ; dissimulé près de la brèche au nord de celle-ci, on peut observer la progression d'Albert, attendre le moment propice, et lorsque, parvenu au sommet, il entame sa descente à la corde, lui tirer dessus. A la tête. La distance de tir étant de dix à vingt mètres, difficile de rater une telle cible si l'on dispose d'une bonne arme ! (Ce qui exclut cependant l'usage d'un pistolet ou d'un revolver.)


- Le corps s'abat dans la ravine. Le meurtrier gagne la plateforme, y efface toute trace compromettante éventuelle. Et l'assassinat prend l'aspect d'un accident d'escalade !...

Ce coup de feu serait donc celui entendu d'en bas par un habitant du voisinage (Charles Hennuy), sans que ce témoignage ne donne jamais lieu à enquête...

Mais il y a une objection : malgré la pente qui s'élève au-dessus de l'Aiguille, la détonation aurait dû être également perçue du plateau où se trouvait le valet, même si celui-ci s'était éloigné quelque peu.

Or le valet n'a rien entendu.

Ou alors... aurait-il été prié, "dans l'intérêt supérieur de la Nation", de garder le silence?...
 
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